L'Art de Décider

L'utilisation d'armes gainés et de protections dans l'entraînement des bushi au Japon a une longue histoire, remontant au moins aux XVIe et XVIIe siècles. Plusieurs écoles (ryu) ont intégré ces pratiques pour former efficacement leurs membres, favorisant ainsi le développement de la combativité et de l'expérience de combat, tout en réduisant les risques de blessures graves.

Historique des Armes d'entraînement sécurisées

Par exemple, des écoles telles que le Yagyu Shinkage Ryu Kenjutsu, le Kashima Shinryū, le Maniwa Nen Ryu et le Ono-ha Itto-ryu ont intégré l'utilisation de protection et/ou d'armes d'entraînement à létalité réduite. Par exemple, les différents fukuro shinai, sabres en bambou gainés de cuir, sont largement utilisés pour permettre des combats simulés en toute sécurité. Dans la Takeda-ryu, on pratique le SOBUKENDO, qui emploie des fukuro shinai ou des bokken recouverts de cuir, assurant ainsi un entraînement à la fois efficace et sûr. Ces écoles ont toujours cherché à équilibrer technique et sécurité.

Le Ju-kempo, par exemple, utilise des protections spécifiques pour les poings et, pour les randori sogo d'aiki, des gants en cuir (uchi kote) sont placés sur le tranchant d'une seule main de chaque combattant, permettant à ceux-ci -ci de frapper librement à pleine puissance. Cela favorise l'apprentissage des techniques de combat sans se blesser gravement, et évite de se faire mystifier par son égo à cause de la seule pratique alternée d'attaques et de défenses convenues, dont la prédétermination des rôles donne l'illusion de maîtrise et de puissance grâce à l'accélération de la réalisation des techniques, fondée sur la connaissance et l'anticipation consciente ou inconsciente des attaques.

Importance de l'utilisation de protections et d'armes sécurisées

Le recours à ces armes et protections joue un rôle fondamental dans la formation des combattants. Les kihon (techniques de base) et les kata (formes) à eux seuls ne suffisent pas pour développer des compétences martiales complètes en matière de technique, de stratégie et de précision. L'accumulation d'expérience lors de combats réels, tout en utilisant des armes à létalité réduite, est essentielle pour un développement martial solide et une habileté en combat optimal.

Certains styles de ryu ou Koryu de Jodo intègrent également l'utilisation de bâtons spécifiques pour les combats, tout en conservant une approche réaliste et en intégrant l'opposition, afin de ne pas rester dans des formes stéréotypées et sclérosées qui perdent de leur dynamisme et pertinence au fur et à mesure des générations. Certaines formes de Jodo et Jo-jutsu intègrent l'utilisation de bâtons spécifiques (Jo) pour les combats, afin de conserver une approche réaliste.

On retrouve cette utilisation d'armes spécifiques et de protections dans la pratique de la lance du Sojutsu de l'Owarikan Ryu, de la baïonnette à l'extrémité d'un fusil dans le Jukendo, et la baïonnette seule retirée de l'arme à feu dans le Tankendo.

De plus, le shinai moderne du kendo, qui a évolué à partir de ces pratiques, permet des duels à pleine vitesse avec un risque minime de blessures.

Dans le Yoseikan Budo, des armes en mousse ont été créées et ont évolué ; les Combo, Tshobo et Tambo sont utilisés pour l'entraînement, illustrant encore une fois l'importance de la sécurité à l'entraînement, sans renier la recherche de pragmatisme dans le réalisme de l'exécution des techniques de combat. Cela inclut la possibilité d'entrer au contact corps à corps et d'aller au sol, afin de mettre en application les différentes disciplines de l'école, permettant la transversalité des disciplines, comme autrefois dans les ryu traditionnels, avec la possibilité de faire la transition entre différentes distances de combat et l'utilisation des armes et techniques, voire même à cheval.

Conclusion

L'utilisation d'armes d'entraînement sécurisées et de protections dans les arts martiaux japonais n'est pas une innovation moderne ; elle fait partie intégrante des traditions de plusieurs écoles depuis des siècles.

Le chanbara a simplement modernisé la fabrication de ces armes et protections avec des matériaux contemporains, tout en maintenant l'accent sur l'efficacité, qui a toujours été au cœur de la formation des bushi.

Cela témoigne de l'engagement des anciennes écoles à trouver des méthodes réalistes de formation efficaces pour leurs combattants professionnels, par des moyens de préparation permettant un maximum d'engagement dans le travail des armes, tout en préservant au minimum l'intégrité des guerriers.

Cette pratique inscrit le chanbara dans la longue lignée des disciplines d'escrime martiales japonaises, s'adaptant à son époque afin d'en tirer le maximum de bénéfices pour expérimenter une forme de combat la plus réaliste et sincère possible.

Cette recherche permet de trancher son ego et de développer les notions de Yomi, comprenant l'anticipation des mouvements, la gestion du rythme, la psychologie du combat, le développement de la menace (seme), la maîtrise de la distance (ma-ai). , la vigilance et la vision globale (zanshin), ainsi que bien d'autres aspects importants dans le budo.

Le chanbara propose ces notions à travers différentes pratiques :

• Les Kata : Dans les katas, qui sont des formes préétablies, le Yomi est cultivé à travers la répétition et l'analyse des mouvements. Les pratiquants apprennent à "lire" les réactions de leurs partenaires lors de ces exercices, ce qui les aide à développer leur capacité d'anticipation.
  
  
• Compétitions : Dans les compétitions, le Yomi est crucial. Les combattants doivent anticiper les mouvements de leurs adversaires tout en dissimulant leurs propres intentions.
  
  
• Développement personnel : Le Yomi est également lié à la croissance personnelle et à la maturité spirituelle du combattant. En apprenant à comprendre les autres, un même pratiquant de budo peut également mieux se comprendre lui-.

La maîtrise du chanbara par la pratique sincère peut non seulement améliorer les performances en combat, mais aussi enrichir la compréhension des interactions humaines en général.