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Tradition et Modernité dans les Arts Martiaux : L’Évolution des Techniques et de la Sécurité en Budo et Bujutsu

Tradition et Modernité dans les Arts Martiaux : L’Évolution des Techniques et de la Sécurité en Budo et Bujutsu

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Introduction

Le Kobudo Ryukyu intègre désormais également des armes spécifiques, renforçant ainsi la protection des pratiquants.  

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Cette démarche rappelle celle adoptée en leur temps par certains koryu, notamment lors de l’étude du Kenjutsu dans des écoles renommées telles que le Kashima-Shinryu, l’Itto-ryu, le Yagyu Shinkage-ryu, le Ono-ha Itto-ryu, le Yagyu Shingan-ryu, le Takagi Yoshin-ryu, le Maniwa Nen-ryu ou encore le Takeda-ryu. On retrouve également cette approche dans d’autres disciplines, qu’il s’agisse de traditions plus anciennes comme le Sojutsu, ou de Budo modernes tels que le Kendo, le Yoseikan Budo, le Chanbara, le Tankendo, la Naginata ou le Jukendo.


Les protections dans les écoles traditionnelles


En effet, l’utilisation de protections légères était courante dans le travail libre avec armes.

La pratique du Kenjutsu s’est souvent accompagnée de l’emploi d’armes en bois, comme les bokken, ainsi que de protections corporelles (bogu), ce qui a ensuite contribué au développement du Kendo. Dans les écoles anciennes telles que l’Itto-ryu, des techniques de Kenjutsu étaient pratiquées avec des bokken renforcés et, parfois, des protections comme des gants ou des armures partielles pour permettre un travail semi-libre.

 

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L’utilisation d’armes et de protections

 

L’utilisation des bokken pour l’entraînement en Kenjutsu ou des bo pour le combat au bâton long incluait, dans certaines formes, des protections rudimentaires visant à éviter les blessures. Plusieurs écoles, comme la Takagi Yoshin-ryu, la Kashima Shinto-ryu et la Hyoho Niten Ichi-ryu, exploitaient des bokken et, dans certains cas, des boucliers improvisés dans un contexte d’entraînement. Ces écoles privilégiaient des formes rigoureuses, parfois intégrant des méthodes spécifiques pour limiter les risques tout en préservant l’efficacité des techniques.

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Influence sur les disciplines modernes

 

De manière générale, plusieurs koryu (anciennes écoles d'arts martiaux japonais) et traditions de bujutsu ont développé des méthodes d'entraînement intégrant des protections ou des armes adaptées. Certaines de ces approches ont également influencé des disciplines modernes où les protections sont devenues systématiques :

 

  • Kendo : hérité du Kenjutsu, avec l’utilisation d’armures complètes (bogu) et de sabres en bambou (shinais).

 

  • Naginata : une adaptation moderne permettant des combats plus libres grâce à l’usage de naginatas sécurisées.

 

  • Chanbara (Goshindo) : introduisant des armes en mousse et des protections pour favoriser des combats dynamiques et sécurisés.

 

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L’importance de l’adaptation

 

Ces méthodes démontrent comment les écoles traditionnelles ont su anticiper les besoins de sécurité tout en préservant l’efficacité et l’authenticité des techniques martiales.


Démontrant leur capacité d’adaptation et leur remise en question constante, ces écoles ont su faire évoluer leurs entraînements afin de former leurs membres de la manière la plus efficace possible. Cette flexibilité a permis à leurs techniques de survivre à travers les siècles et de nous parvenir, contrairement à certaines écoles aux formes sclérosées, qui, en n’utilisant pas de protections, limitaient l’expérience de combat de leurs membres aux seuls affrontements réels.

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Les armes sécurisées dans les Budo modernes

 

Aujourd’hui, tous les Budo modernes intègrent l’utilisation d’armes sécurisées, bien qu’on l’oublie souvent. Par exemple, le bokken et le shoto utilisés en Aikido (tout comme le tanto) appartiennent à cette catégorie d’armes d’entraînement. De même, le iaito, une version à lame métallique émoussée, est couramment employé en Iaido.

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La quête d’une pratique sincère et appliquée

 

L'objectif est de permettre aux adeptes d'approfondir leur étude, d'exécuter pleinement les techniques, que ce soit des frappes ou des coupes. On s'aperçoit alors que lorsque les techniques d'armes ne sont ni stylisées, ni idéalisées, ni stéréotypées, ni fantasmées, elles prennent une forme différente dans leurs applications pratiques.

 

Cependant, les principes et les éléments fondamentaux restent les mêmes que ceux étudiés dans les formes codifiées (Kata). Il en va de même pour les compétences, les capacités et l'habileté nécessaires à leur mise en œuvre dans un combat, quel qu’il soit.

 

Défis et évolution dans la pratique

 

La difficulté et le défi consistent à réussir à appliquer les techniques issues des formes (Kata) dans diverses situations d’affrontements tout en conservant les principes, les stratégies et l’essence de sa discipline, et ce, face à une opposition dont l’intensité et la forme peut varier.

 

Cette approche change radicalement les choses : il faut apprendre à travailler l’ensemble de manière transversale, dans des affrontements libres ou dirigés, en explorant les Kata et leurs applications, avec plus ou moins d'intensité, et face à des partenaires variés, qu’ils soient connus ou inconnus. Ces variations influencent le stress et peuvent désorienter certains, car elles modifient l’apparence des techniques ; l’esthétique n’est plus la même.

 

Deux voies possibles pour le pratiquant

 

Face à cela, deux choix s'offrent au pratiquant :

 

  1. S'enfermer dans une pratique purement axée sur le Kata d’étude, en rejetant l’idée même du combat – qui est pourtant l’essence originelle des arts martiaux – tout en critiquant ceux qui choisissent un chemin différent.
  2. S’ouvrir à un nouveau champ d’étude complémentaire et enrichissant, en mettant son ego de côté.

 

Conclusion : vers une pratique complète et sincère

 

Pour une pratique sincère et respectueuse des origines de toute discipline, qu’elle soit Budo ou Bujutsu, il est indispensable de compléter l’étude rigoureuse des Kata par des applications concrètes dans des affrontements variés. Ces confrontations, graduées en intensité selon le niveau des pratiquants, permettent d’apprendre à travailler librement, tant dans l’attaque que dans la défense, et de cultiver une sincérité indispensable à une progression authentique.

 

Ce voyage, parsemé de doutes, d’envies d’abandon, de moments de joie et de frustration, nous pousse à tendre vers une maîtrise toujours imparfaite, mais profondément enrichissante. C’est dans cette quête sincère et engagée que réside l’essence même de la pratique martiale.



20/12/2024
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